Les Contaminations

DES CONTAS POUR HALLOWEEN

Malgré les températures estivales de cet automne, Halloween est déjà là. La fête des morts est une opportunité pour accepter certains aspects sombres de la vie de myciculteur, dans l’ambiance lugubre des contaminations.

Les Contaminations

DES CONTAS POUR HALLOWEEN

Malgré les températures estivales de cet automne, Halloween est déjà là. La fête des morts est une opportunité pour accepter certains aspects sombres de la vie de myciculteur, dans l’ambiance lugubre des contaminations.

Il est rare de voir les agriculteurs communiquer leurs problèmes liés à la production. Les photographies de champignonnières les plus partagées montrent des champignons impeccables au mycélium immaculé. Cette image soignée de l’agriculture en donne une vision idéalisée, où l’on pourrait toujours produire des aliments de taille, de forme et de couleur identiques.

Pourtant, les contaminations font partie intégrante de l’agriculture. Sans que nous nous en rendions compte, une quantité importante de cellules circule en permanence dans l’air ambiant. Le grand public connaît surtout les virus, les bactéries et le pollen, mais les spores en font aussi partie. Selon une étude de l’air à Mayence, Allemagne, les spores d’un peu plus de 1000 espèces y circulent au cours d’une année. Les espèces du genre Cladosporium étaient les plus fréquemment rencontrées, expliquant la prévalence de ces moisissures noires dans la vie de tous les jours.

Généralement, une souche de culture est sélectionnée pour sa capacité à produire de bons champignons. Afin d’optimiser ses rendement, on la place dans des conditions idéales de propagation et de fructification. Mais cet environnement riche est aussi propice à être colonisé par d’autres organismes aux besoins similaires, qui cherchent simplement à y accomplir leur cycle de vie, et rivalisent alors avec nos champignons de culture.

Ces contaminations ne sont pas nécessairement fatales pour les champignons ou dangereuses pour notre santé, mais elles font entrave à la production. En effet, les champignons sont naturellement capables de se défendre contre des pathogènes ou des compétiteurs, mais cela leur coûte une part d’énergie qu’ils ne peuvent pas investir dans la fructification, réduisant les rendements. Une contamination pose surtout problème lorsqu’elle se propage aux ballots voisins, et peut alors infecter toute une serre.

C’est le cas par exemple de la moisissure rouge du pain, Neurospora, un genre de moisissures roses à la croissance rapide, qui peut ravager une champignonnière. D’autres contaminants communs sont les moisissures vertes, Trichoderma, les moisissures noires comme Cladosporium, ou Chrysonilia sitophila qui est d’un orange vif. On peut aussi rencontrer des bactéries Bacillus, et même des blobs! 

Du point de vue de la santé humaine, il vaut mieux ne pas trop s’exposer à l’air environnant la sporulation des moisissures (la coloration et texture que l’on peut voir)  car elles peuvent provoquer asthme et allergie. 

 

Face aux contaminations, plusieurs approches existent et dépendent de l’échelle de production et de la vision du myciculteur. Le ‘dirty tech’ appliqué au cas par cas peut permettre de contenir une infection sur une petite quantité de mycélium avec des moyens relativement limités. À l’inverse, de grosses champignonnières auront besoin de conditions d’aseptisation et de désinfection beaucoup plus rigoureuses, mais plus coûteuses et potentiellement polluantes.

Malgré tout, il faut garder à l’esprit qu’il n’est pas viable de tout aseptiser, et de viser une monoculture isolée à cent-pour-cent du reste du vivant. D’ailleurs, ça n’est pas forcément désirable. Tout comme le microbiote intestinal ou cutané contribuent à notre bonne santé, les champignons bénéficient eux aussi d’un réseau d’interactions au sein de leur mycosphere. Certains champignons ont même besoin d’être accompagnés de bactéries spécifiques pour pouvoir fructifier.

Références :

A lire aussi sur le sujet

Autres articles

M