Forum Mycélium

RETOURS DE MYCOTOPIA SUR LA 5e ÉDITION

Début octobre, l’équipe Mycotopia a pu participer au Forum Mycélium, un forum annuel organisé entre Saint-André-en-Vivarais et Saint-Bonnet-le-Froid (Ardèche/Haute-Loire) par Jérôme Legros via l’Institut Mondial de Mycologie (I2M).

Forum Mycélium

RETOURS DE MYCOTOPIA SUR LA 5e ÉDITION

Début octobre, l’équipe Mycotopia a pu participer au Forum Mycélium, un forum annuel organisé entre Saint-André-en-Vivarais et Saint-Bonnet-le-Froid (Ardèche/Haute-Loire) par Jérôme Legros via l’Institut Mondial de Mycologie (I2M).

Ouvert au grand public, le forum réunit principalement des passionnés, qui vouent une grande part de leur vie à faire reconnaître l’importance des champignons dans le vivant.

C’est l’occasion pour une diversité de professionnels valorisant le champignon de se retrouver et d’échanger sur l’évolution de leurs projets, organiser de futures rencontres et collaborations, et surtout de mettre en commun leurs connaissances du monde fongique. Le contenu du forum était partagé entre conférences, présentations de projets, expositions, balades mycologiques, et projections privées. 

Retour sur la 5e édition de cet évènement unique en son genre, de mon point de vue de nouvel arrivé chez Mycotopia découvrant les univers du champignon.

La présentation et les discussions de producteurs de champignons m’ont permis de cerner certains des défis de la myciculture. Un objectif général est ressorti au long du weekend: gagner en indépendance vis-à-vis des industriels de la myciculture. Ces grosses entreprises, dans une démarche de monoculture traditionnelle, dominent le marché de la vente de substrat inoculé avec une souche unique par espèce. L’agriculture biologique et l’économie circulaire devraient pouvoir s’en détacher pour une plus grande résilience régionale, en accord avec les enjeux actuels. Malheureusement, il n’est pas encore possible de se passer d’eux si l’on souhaite avoir une place sur le marché des champignons.

De gauche à droite: Ferry Vlaar (La serre du plan), Jérôme Legros, Laurent Deymier (Carpo Diem)

Une priorité est donc de s’équiper de l’infrastructure nécessaire pour développer et produire soi-même ses substrats de fructification. Un laboratoire permettra bientôt à Mycotopia de faire de la recherche sur la mise en culture de souches de terroir, de meilleure qualité et plus adaptées au climat. C’est ce que fait déjà Jérôme Legros, qui récolte des mycéliums sauvages pour en faire des souches de culture. Il nous a fait découvrir cette année sa nouvelle variété de pleurotes, Diane Djo, qui était belle et délicieuse.

Quelques autres défis de la myciculture seront de se rapprocher de conditions de pousse plus proches d’un milieu naturel pour des consommations moindres d’énergie et de plastique, et des champignons plus robustes face aux contaminations.

La cueillette et l’identification étaient sûrement les sujets les plus accessibles du forum grâce aux cueilleurs et aux mycologues, qui ont par ce biais sensibilisé à l’écologie des forêts et aux dangers de la consommation d’espèces sauvages. Certains chiffres m’ont marqué: sur environ 160 000 espèces recensées, seules 20 sont de bonnes comestibles (gustativement), tandis que 20 sont “mortelles”. Une mycoliste a alors été créée, permettant la collaboration entre centres antipoison et mycologues. À l’inverse, nous pouvons nous aussi représenter une menace pour les champignons : 103 espèces européennes sont classées en danger critique, victimes probables de l’anthropocène. Les parcours en forêt apportent une certaine fraîcheur à la mycologie scientifique, mêlant balades, identification et cueillette.

Pour consoler celles et ceux ne pouvant pas y participer, les expositions ramenaient la forêt au cœur du forum en faisant de la taxonomie une tâche esthétique, où chacun pouvait compléter le travail de Marc Laoué et Laurent Deymier avec ses propres trouvailles.

Laccaire améthyste

Lépiote élevée

Lactaire délicieux

Amanite tue-mouches

Si vous aimez les réseaux sociaux, quelques groupes facebook modérés par de grands mycologues peuvent être de bonnes références. De bons conseils d’identification et même de myciculture peuvent y circuler, mais veillez tout de même à l’identité de votre interlocuteur, préférez les mycologues de professions aux connaisseurs improvisés. “Le champignon jardinier. Culture en intérieur et en extérieur de mycelium”, “Champignons de France – Mycologie numérique” et “Mycorium Sauvage” sont des valeurs sûres.

L’art, le Design et bien sûr la gastronomie sont venus compléter le panel de thèmes abordés pendant ce weekend. Jacques Marcon est venu présenter l’investissement des Maisons Marcon dans l’Institut Mondial de la Mycologie (I2M) Sylvallia et de leur collaboration avec Jérôme Legros sur la recherche en myciculture et la fabrication de biomatériaux. En plus de la diffusion de SYMBIOSE, l’association SPORA (Roberto dell’Orco et Charlotte Janis) et le projet artistique Aléa (Stella Lee Prowse) étaient présents pour discuter de la façon dont ils explorent le champignon pour lui faire une place dans la ville et les jardins, en s’inspirant de sa biologie pour des expérimentations artistiques et culturelles.

Pour reprendre les expressions des mycologues présents, nous vivons dans un monde “mycophobe” où le règne des Fungi a besoin d’une nouvelle visibilité. Il paraît important que le grand public comprenne le potentiel des champignons et les enjeux de la mycologie.

par Alix Saint-Martin

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